J’ai été assez surpris de découvrir, il y a quelques jours, une lettre de la DGCCRF qui à mon avis incite à mots couverts de continuer les procédures. J’ai recopié cette lettre ci-dessous, mais il me semble important de dire tout d’abord où j’en suis avec cette histoire. J’ai deux sentiments contradictoires.
J’ai tout d’abord un sentiment de lassitude: je trouve que les choses n’avancent pas assez vite dans ce pays, et que le combat est et restera marginal tant que l’état ne se décidera pas à faire appliquer la Loi. Les dangers qui guettent notre facette numérique future passe très largement au dessus de la tête de la plupart des gens. Seuls les gens initié perçoivent un peu le danger. Ensuite, plus près des préoccupations liées à l’achat d’un nouvel ordinateur portable, s’assurer de sa compatibilité avec Linux est un vrai chemin de croix. Il y a bien sûr des sites comme TuxMobil qui tentent de référencer la compatibilité différents portables, mais il est rare d’en trouver des récents, or ce sont bien les récents qui s’étalent aujourd’hui dans les boutiques. Le défaut d’affichage précis des composants interdisant toute recherche en amont de l’achat. Il existe aussi des sites spécialisés dans la fourniture de matériel « certifié Linux », comme le site de vente en ligne Keynux par exemple. Mais à configuration égales, les tarifs sont supérieurs à ce que l’on peut trouver ailleurs avec Windows pré-installé. Plus simplement, on peut dire que la question n’est pas là: ne pas afficher les prix avec et sans logiciels ne permet pas de comparaison valable. Enfin, j’ai maintenant 2 petits bonshommes à la maison, et le premier aillant plus de 2 ans, il s’intéresse beaucoup au différents logiciels ludo-éducatifs du marché, lesquels ne fonctionnent bien évidemment que sous Windows, et j’ai moi-même entrepris d’apprendre l’espagnol, et la encore les meilleures méthodes « électroniques » sont compatibles uniquement avec Windows.
J’ai ensuite un profond sentiment d’injustice. À la relecture du paragraphe précédent, je me rend bien compte que je tombe dans le piège que je dénonce depuis si longtemps. Je commence à m’enfermer. Bien sûr mon portable, si je l’achète avec Windows, sera en dual boot, avec Linux par défaut. Il est inconcevable pour moi de recommencer à travailler sous Windows, mon expérience sous Linux n’ayant cessé de décupler les possibilités qui s’offrent à moi, et surtout de rester en ligne avec mes convictions profondes sur le monde numérique de demain. Mais il y aura quand même un Windows supplémentaire comptabilisé. Je me met 2 minutes à la place des directions d’éditeurs de logiciels ou de fabricants de matériels sur PC, et je comprends que, compte tenu du marché, leurs logiciels ne sortent que pour Windows. Un joli cercle vicieux en somme. A ce titre, et l’intervention de l’état pour donner une chance aux alternatives se faisant attendre, je pense que les technologies cross-platform (le web en général, JAVA qui vient de se libérer) constituent notre meilleure chance.
Je dois donc avouer que je suis sur le point d’acheter un Dell, avec Windows pré-installé (Vista en plus… 🙁 ). Il faudra vraiment que je prenne le temps d’écrire une réponse à la DGCCRF pour exprimer ma déception de consommateur, et ma préoccupation grandissante au sujet de notre monde numérique de demain. Une société privée qui détient 95% d’un marché, ce n’est pas bon. Aujourd’hui, c’est 95% des PC grand public, mais demain ? 98% des téléphones portables, des PDA, des consoles de jeux, des équipement d’accès à l’information, des logiciel de communication, des système embarqués dans les automobiles ? J’ai peur de le dire, d’Internet ? Que serait Internet aujourd’hui si il avait toujours été sous la houlette d’une et une seule entreprise privée ? Que seraient les pages web, les mails ? Ce qui se passe aujourd’hui avec la messagerie instantanée n’augure rien de bon.
Bref, avant de me jeter par la fenêtre, voici la lettre de la DGCCRF
Monsieur,
Par courrier du 4 décembre 2006, vous m’informez que vous avez décidé d’obtenir un micro-ordinateur dépourvu de système d’exploitation, ou de déduire le prix des logiciels prè-installés sur le matériel de votre choix.
A cette fin, vous avez adressé un courrier au fournisseur auprès duquel vous envisagez d’effectuer cette acquisition, afin qu’il vous communique un prix séparé pour chacune des 2 composantes, matérielle et logicielle, de l’ordinateur qui vous convient.
Par courrier du 17 décembre 2006, vous m’informez qu’en l’absence de réponse du commerçant sollicité, dans le délais de quinze jours, vous lui avez adressé une lettre en recommandé avec accusé de réception pour confirmer votre requête.
Par ailleurs, j’ai bien noté que l’analyse actuelles de la commercialisation des micro-ordinateurs, que je vous ai exposé dans mon courrier du 4 octobre 2006, ne rencontrait pas votre complète adhésion.
C’est précisément parce que les consommateurs sont de plus en plus nombreux à souhaiter choisir leurs logiciels, et notamment leur système d’exploitation, que j’ai entrepris, au cours des derniers mois, de rechercher avec les acteurs de ce marché, les solutions qui permettraient de donner satisfaction à tout l’éventail de ces demandes.
Dans ce contexte, la détermination des consommateurs, que vos courriers me permettent d’apprécier, ce dont je vous remercie, représente un atout non-négligeable.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
La Sous-Directrice, Claudine S.